Un flacon qui fait la différence
S’il y a bien un domaine créatif et sensoriel où tout est possible, qui est sans limite, qui est universel, c’est la cuisine. En procédés culinaires essentiels, il y a la chauffe et le refroidissement, soit les différences de températures avec des rapports de temps plus ou moins longs qui vont modifier en substance un corps solide. Chauffez vivement, ou laissez chauffer spontanément par fermentation, et laissez refroidir lentement pour obtenir des effets au niveau moléculaire qui vont s’exprimer et s’identifier par un arôme et un état, solide ou liquide. Ainsi, que ces procédés se fassent dans une poêle, une marmite, une cuve ou un alambic, le résultat obtenu est déjà en soi un objet sapide unique. Sauf que de l’un à l’autre la distinction peut être subtile ou le résultat peut être restreint sur le plan aromatique.
Donc pour y remédier, nous cuisinons : nous associons, mélangeons, mixtionnons, amalgamons, assemblons, fusionnons, pour obtenir un ensemble aromatique plus ou moins complexe ainsi qu’une texture particulière, soit une matière sapide originale. Une matière, liquide ou solide, chaude ou froide, dure ou molle, qui sera en plus mise en variation d’aliments selon son origine géographique, selon dans quelles autres matières se seront produites les transformations, selon le temps, selon encore tant de plus ou moins petites choses qui font l’infinie variation des possibles tout autour de la planète. Le but étant une expérience sensorielle, une émotion gustative à laquelle nous serons sensibles et qui fera la différence par le plaisir que nous en éprouverons. Bref, c’est ce qui fait la science de l’art et l’art de l’alchimie culinaire. Le goût, les saveurs, sont des marqueurs spatio-temporels, ils disent une époque, une culture, une région du monde, voyagent, fusionnent, se métissent, se réinventent en permanence depuis que l’humanité cuisine et voyage.
Des rhums non simplement arrangés, mais cuisinés…
Le rhum1 est sujet et propice à cette cuisine. Déjà en soi, c’est une alchimie et la culture de l’« arrangé » offre un univers incommensurable de goûts. Et il serait tentant de se dire que c’est déjà bien abouti et qu’on en aurait finalement assez vite fait le tour.
C’est sans compter sur la créativité culinaire d’un Lucas Fisk, co-fondateur avec son acolyte Olivier Cruz de l’entreprise Malo Rhum2. En effet, repoussant toujours plus loin les limites de l’art rangé, ce cuisinier-là cuisine ses rhums1 de manière gastronomique.
Bien sûr, il y a les fruits, bien sûr, il y a les fleurs, bien sûr il y a les épices pour les « classiques ». Et puis il y a les autres, les extra-ordinaires, les hors du commun, les hors des sentiers battus, ceux-là ce sont les rhums1 non pas juste « arrangés » mais réellement cuisinés.
600 flacons immergés à plus de 20m de fond pendant des mois…
Parmi ces rhums1 cuisinés qui sont la marque distinctive et la spécialité de Malo Rhum il y a celui cuisiné au « bleu breton ». Déjà en soi une recette au homard sort des sentiers battus, mais en plus ces innovateurs du distillat gastronomique ont livré à la mer le soin de la maturation finale. À plus de 20m de fond dans la Manche pendant une dizaine de mois, l’environnement dans son ensemble a ajouté son marqueur : mouvement, pression, température, luminosité, salinité, organismes… pour in fine faire plus que la différence.
Ainsi, ce que Malo Rhum et la mer nous livrent ce sont 600 flacons empreints de concrétions. Nous laissons aux amateurs le soin de découvrir cette série spécialement produite pour la Route du Rhum 2022 sur le stand Malo Rhum tout simplement parce qu’ici le vrai sujet c’est le lot de bouteilles qui nous font le récit de leur propre aventure :
Nous plongeâmes six-cent…
Sous mer donc cette troupe se balance,
Et porte sur le col une Malo près de la Rance.
Nous plongeâmes six cent ; et par un prompt effort,
Nous nous vîmes matelotées en arrivant au port,
Tant, à nous voir parées avec un tel nouage,
Les plus incrustées reprenaient de l’ancrage !
…et un flacon qui fait la différence
Ainsi, ce dont il est vraiment question ici c’est le contenant, en tant qu’œuvre d’art. Une œuvre maritime, organique, sédimentaire, cristaline, minérale, qui fait que chaque pièce est unique ; subtilement marquée, portant la griffe de la Baie de Saint Malo. Une œuvre signée par Malo Rhum qui en est l’initiateur par la proposition qu’ils ont fait à la Mer en lui soumettant la forme brute du flacon, au goulot pleinement cacheté de cire bleue.
Cette forme d’un style classique raconte l’histoire des échanges commerciaux transatlantiques.
Elle conte la vie des écumeurs de caraïbes et d’antilles.
Elle narre les chasse-parties et les courses aux cales pleines de caisses paillées.
Elle relate la quête d’un absolu et d’un avenir libertalien, celui d’un nouveau monde.
Ce flacon est un voyage, au jable droit comme un quai de granit, à la piqure épaisse et profonde comme une lame de fond, au fût large comme une Flûte (pas le verre, le navire), à l’épaule trapue comme le poitrail d’un gabier, au col puissant comme un pied de mât, à la bague évasée comme un margouillet.
Et nous Trigorioù, nous leur avons apporté cette petite touche de caboteurs qui, tout en répondant à un besoin d’amarrage d’un livret et d’un bouchon, pare ce flacon d’un fin cordage en lin naturel. D’un seul cordage fin, en anneau, nous avons conçu ce nouage comme un bijou, un ras de cou souqué ferme, humble par rapport à l’empreinte marine, discret par rapport à ce qui nage en dedans. Le tout, flacon, immersion, matelotage, étant un ensemble de choix créatifs de la part de Malo Rhum qui ajoute ainsi à la dimension d’œuvre d’art et fait totalement la différence, jusque dans son habillage.
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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé ↩︎
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Malo Rhum : https://www.malorhum.com ↩︎